Révélations dans la Parole

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N'entre pas au village

par Jean-Louis Coraboeuf

« Ils se rendirent à Bethsaïda ; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher. Il prit l'aveugle par la main, et le conduisit hors du village ; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait [blépo] quelque chose. Ayant levé les yeux [blépo] il dit : J'aperçois [blépo] les hommes, mais je les vois [horao] comme des arbres, et qui marchent. Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux, et l'aveugle vit clair [ana-blépo, recouvrer la vue], et il fut guéri [apokathistemi], et il vit [em-blépo, fixer le regard sur] tout distinctement. Alors Jésus le renvoya dans sa maison, en disant : N'entre pas au village » (Marc 8:22-26 Interlinéaire).

Le verbe grec blépo signifie voir, discerner, ainsi que voir avec l'esprit ; alors que le verbe horao signifie 'voir avec les yeux', v'oir de façon naturelle'. Jésus conduisit l'aveugle hors du village pour lui imposer les mains afin de le guérir. Mais l'aveugle ne vit pas distinctement, c'est pourquoi il dut lui imposer les mains une seconde fois. L'arbre représente l'homme ; ainsi, le juste est vu comme un palmier planté sur le parvis du Temple, "Les justes croissent comme le palmier... plantés dans la maison de l'Eternel, ils prospèrent dans les parvis de notre Dieu" (Psaume 92:13-14). Le premier miracle permit à l'aveugle de voir les choses de façon humaine, mais Jésus voulut l'amener à voir distinctement et spirituellement les choses. De la même manière, il veut que nous quittions le parvis pour entrer d'abord dans le lieu Saint, puis dans le lieu Très-Saint.

Lorsqu'il rencontra Jésus, l'aveugle se trouvait dans la ville. La ville représente le lieu où les pharisiens exerçaient leur pouvoir et semaient leur levain d'incrédulité (Marc 8:11,15). Le premier miracle ne permit pas à l'aveugle de voir plus clairement, ce à cause de la Tradition humaine qui pesait sur lui. Les disciples étaient comme l'aveugle, car Jésus leur dit, "Ne voyez-vous [blépo] pas ?" (Marc 8:18). Il leur fallut aussi un autre miracle pour que leurs yeux s'ouvrent spirituellement, il leur fallut une réponse divine à la question, "Qui dites-vous que je suis ?" (Marc 8:29). A travers la guérison de l'aveugle, Jésus montra ainsi à ses disciples qu'ils étaient, eux aussi, influencés par le levain des pharisiens.

Le verbe apokathistemi est traduit par guérir, mais il signifie littéralement 'restaurer à l'état initial', rétablir, comme cela apparaît dans ces versets, "rétablir toutes choses" (Matthieu 17:11) et "rétablir le royaume d'Israël ?" (Actes 1:6). Ainsi le premier miracle a rétabli la vue naturelle et le second la vue spirituelle, celle qu'avait l'homme à l'état originel dans le Jardin d'Eden, permettant ainsi à l'aveugle de voir le Royaume de Dieu. Ce n'est qu'après avoir fait cela que Jésus put vraiment expliquer à ses disciples le but spirituel de sa mort à Jérusalem. Dans notre conversion spirituelle, souvent nous restons sur le parvis ou nous nous arrêtons dans le lieu Saint, et nous vivons le spirituel par la chair en nous contentant des traditions humaines. Mais Jésus veut plus, c'est pourquoi il nous demande, comme il demanda à l'aveugle, de ne pas retourner dans notre village. La guérison de l'aveugle est donc une métaphore de la nouvelle naissance.