Révélations dans la Parole

(Retour)

 



Jésus fils d'Héber

par Jean-Louis Coraboeuf

« Jésus avait environ trente ans lorsqu'il commença son ministère, étant, comme on le croyait, fils de Joseph, ... fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham, ... fils d'Eber, ... fils de Sem, fils de Noé, ... fils d'Adam, fils de Dieu » (Luc 3:23-38).

« Voici la postérité de Sem. Sem, âgé de cent ans, engendra Arpacschad, deux ans après le déluge... Arpacschad, âgé de trente-cinq ans, engendra Schélach... Schélach, âgé de trente ans, engendra Héber... Héber, âgé de trente-quatre ans, engendra Péleg... Péleg, âgé de trente ans, engendra Rehu... Rehu, âgé de trente-deux ans, engendra Serug... Serug, âgé de trente ans, engendra Nachor... Nachor, âgé de vingt-neuf ans, engendra Térach... Térach, âgé de soixante-dix ans, engendra Abram, Nachor et Haran » (Genèse 11:10-26).

Selon sa généalogie (Luc 3:23-38), Jésus est descendant d'Héber (Eber en grec). Héber [עבר], arrière-petit-fils de Sem, est à l'origine du mot 'hébreu' [עברי, ivri]. Le nom Héber est dérivé du verbe avar [עבר] signifiant 'passer à coté', 'traverser'. Ainsi le mot 'hébreu' désignait à l'origine 'ceux qui demeuraient de l'autre coté', c'est-à-dire ceux qui venaient de l'autre coté du fleuve Euphrate, Ur en Chaldée. Abram fut qualifié d'Hébreu pour la première fois lorsqu'il habitait sous les chênes de Mamré, près d'Hébron (Genèse 14:13). Au fil des siècles, le mot 'Hébreu' désigna uniquement la branche sémite descendante d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, les ancêtres de Jésus.

Lors de son combat avec l'ange de l'Eternel au gué de Jabbok, Celui-ci appela Jacob, 'Israël' [ישראל] (Genèse 32:28). A partir de ce jour, le mot 'Israël' désigna Jacob aussi bien que ses descendants, et l'on appela le peuple de Dieu les 'Israélites' ou les 'Hébreux'. A cause de l'infidélité de Salomon, l'Eternel scinda son royaume en deux (1 Rois 11:33). Il désigna Jéroboam comme roi de 10 tribus (royaume d'Israël), et Roboam devint roi des tribus de Juda et de Benjamin (royaume du Juda). Lorsque le royaume d'Israël fut emmené en captivité, on commença à appeler 'Juifs' [יודי] le peuple de Dieu qui restait dans le royaume de Juda (2 Rois 16:6 et 2 Rois 25:25). Après la seconde déportation à Babylone, ce nom se répandit pour désigner le peuple du royaume de Juda [יודה] (Esther 2:5).

Au temps de Jésus, Israël était divisée en 3 parties : la Judée, la Samarie et la Galilée, et la langue officielle était l'hébreu (Jean 19:20). Le mot 'Juif', Ioudaios en grec, désignait alors trois choses : un membre de la tribu de Juda, quelqu'un de la religion juive et un habitant de la Judée. Alors qu'aujourd'hui, selon le dictionnaire, le mot 'Juif' désigne quelqu'un appartenant à la communauté israélite ou quelqu'un pratiquant la religion juive, le Judaïsme. Ainsi dans les Evangiles, le mot grec Ioudaioi (pluriel de Ioudaios) désigne majoritairement les habitants de la Judée et devrait être traduit par 'Judéens' et non par 'Juifs'. Les Israélites parlaient d'eux-mêmes en tant que 'Peuple d'Israël', mais les étrangers (les Gentils) les appelaient tous 'Juifs' sans distinction de lieu. C'est par des Judéens – pharisiens, sadducéens et scribes de Jérusalem ou de Judée – et non par des Juifs que Jésus fut crucifié. Cette confusion amena hélas beaucoup de tribulations au peuple Juif de la diaspora.