Révélations dans la Parole

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Si le sel perd sa saveur

par Jean-Louis Coraboeuf

« Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer, de peur qu'après avoir posé les fondements, il ne puisse l'achever... Ou quel roi, s'il va faire la guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l'attaquer avec vingt mille ? S'il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix. Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple. Le sel est bon [kalos, bon, noble, précieux] ; mais si le sel perd sa saveur [moraino], avec quoi l'assaisonnera-t-on ? Il n'est bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende » (Luc 14:28-35 Interlinéaire).

Après avoir dit, "si vous ne me préférez pas à votre famille et même à vous-même, si vous ne portez pas votre croix et si vous ne me suivez pas, vous ne pouvez être mon disciple" (Luc 14:25-27), Jésus compara cela à la construction d'une tour [purgos] et à une guerre entre deux rois ; le mot grec purgos désigne la partie haute d'une maison. En effet, après notre nouvelle naissance, nous sommes appelés à construire notre maison spirituelle (Luc 6:48-49) sur le roc, Jésus (Matthieu 16:18), c'est-à-dire à devenir une habitation pour Dieu en Esprit (Ephésiens 2:22). Avant notre conversion, c'est notre âme qui règne car notre esprit est spirituellement mort, mais après, va-t-elle laisser la place à l'Esprit de Christ ? Il va alors y avoir la guerre entre l'ancien roi et le nouveau Roi.

Sommes-nous prêts à payer le prix pour suivre Jésus ou allons-nous négocier un compromis ? L'ambassadeur représente les intérêts du roi ; toute négociation ne sera alors qu'un compromis visant à sauvegarder quelque intérêt. Mais Jésus nous demande de renoncer, de se séparer, d'abandonner toutes les richesses et valeurs qui font la grandeur de notre âme afin de devenir le sel de la terre. Le sel est bon, c'est-à-dire noble et précieux ; il était mis sur les offrandes (Lévitique 2:13), il était ajouté aux parfums (Exode 30:35), nous devons en avoir en nous-mêmes (Marc 9:51) afin que nos paroles soient toujours accompagnées de grâce (Colossiens 4:6).

Le verbe grec moraino traduit par 'perdre sa saveur' signifie littéralement 'rendre sans esprit', 'perdre toute finesse', 'devenir fou' ; il trouve son origine dans le mot grec moros qui est traduit par 'insensé' pour définir "l'homme qui a bâti sa maison sur le sable" (Matthieu 7:26) et par 'folles' pour définir "les vierges qui ne prirent pas d'huile avec elles" (Matthieu 25:3). Dans le naturel, le sel perd sa saveur lorsqu'il est mélangé à quelque chose de vil, il devient alors fou, c'est-à-dire inutilisable. Si le sel qui est en nous perd sa noblesse à cause des compromis spirituels de notre âme, nous devenons alors inutilisables pour le Royaume de Dieu. Mais nous sommes appelés à faire partie de l'Epouse glorieuse, sainte et sans tache (Ephésiens 5:27), et non de l'Eglise tiède que Jésus vomira (Apocalypse 3:16) ou de l'Eglise prostituée qui sera finalement jetée à terre (Apocalypse 17:16). Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !